
Manifestation tendue à Antananarivo : gaz lacrymogènes et domiciles de politiques incendiés face aux coupures « insupportables »
Les forces de l’ordre à Antananarivo, la capitale malgache, ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc ce jeudi 25 septembre 2025 pour disperser des manifestants qui ont ignoré l’interdiction de se rassembler.
La colère, largement relayée sur les réseaux sociaux, visait les coupures d’eau et d’électricité persistantes. Celles-ci étaient jugées « insupportables » par la population. La tension a atteint son paroxysme lorsque les domiciles d’une sénatrice et d’un député ont été pris pour cibles.
Escalade de la violence et réquisitions des citoyens
Le préfet a pris un arrêté d’interdiction la veille pour risque de trouble à l’ordre public. Malgré cela, des groupes de manifestants ont tenté de converger vers le quartier d’Ambohijatovo. Le préfet a interdit ces actions.
Toutefois, les manifestants ont essayé de se rassembler dans ce quartier. Ce quartier est situé au centre de la capitale. Depuis jeudi matin, le centre-ville était encerclé par d’importantes forces de sécurité, composées de la police et de la gendarmerie.
Peu avant 11h, les forces de l’ordre ont riposté en tirant des gaz lacrymogènes pour empêcher les regroupements. Un correspondant de l’AFP a confirmé l’arrestation d’au moins trois manifestants. Des agents de l’unité de gendarmerie du GSIS, le visage cagoulé, ont également été vus tirant des balles en caoutchouc depuis leurs SUV.
Les manifestants brandissaient des banderoles exprimant leur exaspération. « Arrêtez de vivre dans les tambours jaunes et l’obscurité ». « Nous ne voulons pas de troubles, nous voulons seulement nos droits ».
« Nous n’arrêtons pas de crier depuis 10 heures du matin, réclamant uniquement nos droits. Et ils nous tirent dessus avec des balles en caoutchouc », a déploré Aina, une étudiante de 20 ans.
Une manifestante d’une soixantaine d’années, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a critiqué « l’arbitraire ». Elle a aussi critiqué la « corruption » et le « manque de transparence » des dirigeants. Elle a souligné que la situation de l’eau et de l’électricité est « devenue insupportable ».
L’étudiante Aina a précisé la gravité de la situation : « Ici, nous subissons environ douze heures de coupures de courant par jour », résumant le sentiment général avec une pancarte marquée « leo be » (assez !).
Des personnalités politiques ciblées
La colère de la foule s’est matérialisée par des attaques visant des figures du régime. À midi, des manifestants ont incendié le domicile de la sénatrice Lalatiana Rakotondrazafa, récemment nommée par le président Andry Rajoelina. Les pompiers, intervenus pour maîtriser le brasier, ont été accueillis par des jets de pierres. Quelques instants plus tard, le domicile d’un député de la capitale a également été saccagé.
Fait notable, les manifestants arboraient un drapeau pirate de la série japonaise « One Piece ». Ce drapeau est un symbole de la génération Z dans des mouvements de protestation anti-régime à travers le monde. On l’a vu notamment en Indonésie et au Népal.
Contexte politique et historique
Le président malgache Andry Rajoelina, 51 ans, a été réélu fin 2023. Le scrutin a été marqué par le boycott de l’opposition. Avec un taux de participation inférieur à 50 %. Mr Andry Rajoelina est une figure politique majeure depuis 2009. Il a accédé au pouvoir à la suite d’un mouvement social. Ce mouvement a entraîné le renversement de l’ancien président Marc Ravalomanana.
L’AFP n’a observé aucune personnalité politique de l’opposition présente parmi les manifestants. Cela suggère un mouvement de protestation spontané et citoyen. Cette réaction est due à l’aggravation des conditions de vie.







